Certains revenus perçus à la retraite échappent totalement à l’impôt sur le revenu, tandis que d’autres bénéficient d’abattements spécifiques dont le calcul varie selon la nature des pensions et l’âge du bénéficiaire. La fiscalité applicable à ces ressources diffère sensiblement de celle des salaires ou des revenus d’activité.
Des évolutions réglementaires récentes annoncent la disparition de certains dispositifs avantageux à partir de 2026. Les stratégies d’optimisation adoptées aujourd’hui pourraient ainsi perdre en efficacité, imposant une révision des choix patrimoniaux et des modalités de déclaration pour préserver au mieux les ressources disponibles.
Pensions non imposables : panorama et enjeux pour les retraités
Identifier une pension non imposable, c’est un peu comme dénicher une exception dans un océan de taxes. Pour les retraités, le terrain fiscal se révèle mouvant et parfois déroutant. La majorité des pensions de retraite passent par la case impôt sur le revenu, même après abattement. Pourtant, certaines prestations tirent leur épingle du jeu et échappent totalement à la fiscalité.
Deux dispositifs sociaux retiennent l’attention : l’ASPA (allocation de solidarité aux personnes âgées) et l’ASI (allocation supplémentaire d’invalidité). Strictement réservées aux seniors aux revenus modestes, ces aides sont exclues de la base imposable. Elles ouvrent même la porte, sous conditions, à une exonération automatique de taxe foncière, un coup de pouce qui fait la différence.
Mais la fiscalité des retraites ne se limite pas à l’impôt sur le revenu. Il faut aussi composer avec la CSG (Contribution Sociale Généralisée), prélevée sur la plupart des pensions, à un taux qui varie selon les ressources du foyer, de 3,8 % à 8,3 %. Dès que les revenus franchissent le seuil fixé par le fisc, la CSG s’applique. Ceux qui perçoivent des pensions non imposables, en revanche, restent en dehors de ce système de prélèvement social.
Voici quelques situations particulières où des exonérations ou réductions sont envisageables :
- Les personnes de plus de 75 ans peuvent bénéficier d’une exonération de taxe foncière, sous réserve de respecter un plafond de ressources.
- Les résidents en EHPAD peuvent, selon leur dossier fiscal, déduire certains frais ou profiter de réductions d’impôt spécifiques.
Finalement, tout dépend du niveau de revenus et de la nature exacte de chaque allocation : pension de base, complémentaire, ou prestation de solidarité. Pour calibrer ses arbitrages fiscaux, il faut rester vigilant, car la réglementation évolue sans cesse. Dès 2026, des changements sur l’abattement fiscal s’annoncent, susceptibles de rebattre les cartes de l’optimisation des retraites en France.
Quels abattements fiscaux et dispositifs d’exonération sont accessibles aujourd’hui ?
Le paysage fiscal des retraités va bien au-delà de la seule imposition des pensions. L’abattement fiscal de 10 % reste la référence : appliqué sur le montant brut des pensions (sauf ASPA et autres allocations exonérées), il réduit le revenu imposable de chaque retraité. Son plafond, 4 123 € pour 2025, n’est ni fractionnable ni cumulable, mais tous les retraités concernés en profitent automatiquement.
Pour ceux qui souhaitent alléger leur facture, plusieurs dispositifs s’additionnent. Le crédit d’impôt pour l’emploi à domicile couvre la moitié des dépenses engagées, jusqu’à 12 000 €, ce plafond grimpe à 20 000 € pour les personnes en situation de handicap. Les versements sur un Plan d’Épargne Retraite (PER) sont quant à eux déductibles du revenu imposable, dans la limite de 10 % des revenus professionnels (avec un plafond de 32 908 € pour 2025).
Voici les mesures fiscales les plus utilisées par les retraités pour alléger l’impôt :
- Les dons aux associations ouvrent droit à une réduction d’impôt de 66 % ou 75 % selon la cause, dans la limite de 20 % du revenu imposable.
- Le crédit d’impôt pour l’adaptation du logement permet de récupérer 25 % des dépenses engagées, jusqu’à 5 000 € pour une personne seule et 10 000 € pour un couple.
- Les frais d’hébergement en EHPAD donnent droit à une réduction d’impôt de 25 %, plafonnée à 2 500 € par résident.
L’assurance-vie reste une stratégie classique : fiscalité allégée en cas de retrait, transmission facilitée hors succession, et choix souple des bénéficiaires. De plus, les retraités de plus de 75 ans, sous conditions de revenus, peuvent profiter d’une exonération de taxe foncière. Tous ces leviers doivent être activés en tenant compte de la composition du foyer fiscal et du revenu brut global, pour bâtir une stratégie fiscale sur mesure.
Changements attendus en 2026 : ce qui va bouleverser la fiscalité des pensions
Le projet de loi de finances 2026 annonce un virage fiscal pour les retraités. Le gouvernement envisage de supprimer l’abattement fiscal de 10 % sur les pensions de retraite, au profit d’un abattement forfaitaire fixé à 2 000 € par personne. Si la mesure est confirmée, elle s’appliquera dès la déclaration 2026 sur les revenus de 2025.
Le fonctionnement serait simple : chaque retraité bénéficierait du même montant, quelle que soit sa pension. Pour les petits revenus, cet abattement équivaudrait à l’existant, voire moins. Pour les foyers plus aisés, qui profitaient jusqu’ici d’un abattement bien supérieur, le revenu imposable augmenterait nettement. En clair, certains retraités basculeront dans une tranche marginale d’imposition plus élevée, et verront donc leur impôt sur le revenu grimper.
Ce nouveau cadre fiscal change la donne pour l’optimisation des retraites. Plusieurs élus, comme Astrid Panosyan-Bouvet, proposent même de renforcer la fiscalité des pensions supérieures à 2 000 € mensuels. L’administration prépare déjà ses outils pour guider les contribuables dans cette transition. Il sera indispensable de repenser les arbitrages patrimoniaux, en tenant compte de ces nouveaux seuils, pour adapter la gestion des revenus de retraite à ces futurs équilibres.
Déclaration, arbitrages et sécurisation du patrimoine : conseils pratiques pour optimiser sa retraite
Déclarer ses pensions, c’est jouer la carte de la rigueur et de l’anticipation. Première étape : passer en revue la nature de chaque pension reçue. Les allocations comme l’ASPA ou l’ASI restent hors de portée de l’impôt sur le revenu. Les autres pensions, quant à elles, doivent figurer dans la déclaration, avec application de l’abattement de 10 % (dans la limite actuelle de 4 123 €). Il est aussi nécessaire de distinguer les revenus soumis à la CSG, dont le taux dépend du niveau de ressources du foyer.
Certains dispositifs permettent d’agir concrètement. La retraite progressive, par exemple, offre une transition en douceur : réduire son temps de travail, toucher une partie de sa pension, et préparer la cessation d’activité sans rupture brutale. Le rachat de trimestres s’adresse à ceux qui veulent accélérer l’accès au taux plein, ou améliorer le montant de leur retraite. La surcote, enfin, récompense les carrières prolongées au-delà de l’âge légal, avec une augmentation du montant servi.
Pour sécuriser son patrimoine, il existe plusieurs pistes complémentaires. L’assurance-vie s’impose comme un outil polyvalent, alliant fiscalité avantageuse et transmission facilitée. Le Plan d’Épargne Retraite (PER) permet de déduire les versements du revenu imposable, dans les limites réglementaires. Organiser la transmission par donation, choisir le régime matrimonial adapté pour protéger son conjoint : chaque choix pèse sur la tranquillité d’esprit future. Certaines solutions, comme celles proposées par Swiss Life ou le régime Préfon pour les agents publics, illustrent la diversité des outils disponibles.
Négliger la protection n’est pas une option : une assurance dépendance ou une complémentaire santé robuste protège la famille contre les risques de perte d’autonomie ou les frais médicaux imprévus. Ces arbitrages construisent une retraite solide, capable de résister aux secousses fiscales et à l’imprévu. Rester informé, c’est refuser de subir, et se donner les moyens de traverser l’avenir sans crainte.


